Révolution Permanente ou la gauche à l’ère du libéralisme triomphant

C’est annoncé : Révolution Permanente, ex Courant Communiste Révolutionnaire, lancera le Congrès de fondation d’un nouveau parti à la mi-décembre. Média, organisation politique et ancien courant du Nouveau Parti Anticapitaliste, Révolution Permanente est un cas particulier dans l’extrême-gauche française. Idéologiquement trotskiste mais à l’orientation débordant sur le spontanéisme et marquée par l’influence des courants féministes et antiracistes contemporains, elle additionne la lutte contre l’exploitation capitaliste à la lutte contre toutes les oppressions dites systémiques. Ils sont peut-être l’organisation révolutionnaire connaissant le plus fort dynamisme à l’heure actuelle ; de plus, leur militantisme a le mérite de tenter de moderniser les pratiques militantes. Pourtant, à la lumière de la séquence ouverte par leur pré-campagne aux élections présidentielles de 2022, il nous paraît important de formuler la critique de ce qui nous paraît incarner le mieux le gauchisme organisationnel à l’heure actuelle. 

Origines 

Avant de lancer sa campagne présidentielle et de prendre la forme qu’on lui connaît maintenant, Révolution Permanente est née au cœur de l’extrême-gauche française. D’abord une tendance du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) constituée en 2011 sous le nom de “Courant pour une Tendance Révolutionnaire”, une partie du CTR d’alors deviendra assez vite le “Courant Communiste Révolutionnaire” (CCR), et c’est sous cette forme que l’actuelle Révolution Permanente passera la majorité de son existence. Le courant est dès sa conception pensé comme l’aile gauche révolutionnaire du parti et se pose comme opposition interne tant sur le fond politique que sur la pratique du NPA. En 2015, le CCR lance le journal en ligne Révolution permanente, et c’est avant tout grâce à ce média inscrit dans le réseau international “Izquierda Diario” et à une pratique particulière que nous observerons plus tard que la tendance connaît une progression non négligeable au sein du NPA, passant d’environ 3% des voix à environ 11% durant les différents Congrès.

Les méthodes employées par le CCR sont rudement critiquées voire dénoncées à l’intérieur comme à l’extérieur du parti. La majorité du NPA critique les initiatives individuelles prises par le courant vis-à-vis de l’organisation. Le CCR impulse en effet son propre collectif jeune “Le Poing Levé” et sa propre organisation féministe “Du pain et des roses”, tous deux indépendants des structures du NPA. Le CCR, quant à lui, critique fortement la dérive réformiste d’un parti dont il regrette le fait qu’il se soit toujours défini par la négative, “anticapitaliste” plutôt que “communiste”, et reste en totale opposition aux différents rapprochements effectués avec la France Insoumise (élections municipales à Bordeaux, élections régionales en Nouvelle Aquitaine). Ces tensions culminent avec la pré-candidature de Anasse Kazib aux élections présidentielles qui entraîne une crise aboutissant à une fracture entre le CCR et le reste du NPA.

Le but de cet article n’est pas de se prêter à cette polémique, c’est pour cela que nous ne trancheront pas dans le débat exclusion/scission. Toujours est-il qu’en 2021, le CCR quitte le NPA et devient une organisation indépendante sous le nom de son journal : Révolution Permanente. C’est ainsi un quart de l’organisation, soit 296 militants, qui prennent leur indépendance. Ces militants sont présents dans plusieurs villes de France métropolitaine mais l’écrasante majorité est issue d’Île-de-France, de Toulouse ou de Bordeaux. Peu de temps après la rupture, il est décidé de transformer cette pré-candidature de Anasse Kazib au sein du NPA en candidature effective.

Le choix d’une candidature à ce stade de développement de RP interpelle. Une analyse des choix stratégiques qui ont guidé cette décision paraît alors nécessaire pour comprendre les travers que nous pointons dans l’introduction. 

Il nous faut d’abord traiter plus largement la pratique et les théorisations politiques de cette organisation avant d’aborder la cristallisation des écueils de ceux-ci dans la campagne d’Anasse Kazib. 

Militantisme entre tradition trotskiste et gauchisme contemporain

Aborder les pratiques militantes d’une organisation politique n’a pas de pertinence si nous n’analysons pas en premier lieu les objectifs de ses pratiques et l’analyse théorique les ayant conditionnées. Dans le cas de Révolution Permanente, il existe un axiome théorique très important qui présuppose l’ensemble de leur stratégie ces dernières années. Cet élément vient de leur analyse du contexte. En effet, pour RP, nous vivons un regain de conscience de classe et de conflictualité depuis 2016. C’est à travers ce prisme qu’ils interprètent un mouvement tel que celui des Gilets Jaunes comme un exemple fort de l’intensification de la lutte des classes dans le pays. Pourtant, il est de notre avis et celui de Révolution Permanente que la période dans laquelle nous vivons retranscrit une grande faiblesse organisationnelle ainsi que des compromissions de la part des syndicats et des organisations qui représentent le mouvement ouvrier. On pourrait nous rétorquer que désormais, la radicalité est dans les masses et non plus dans ces organisations. Cependant,  les mouvements mis en avant pour illustrer ce fait (Gilets Jaunes, marches pour le climat, BLM), qu’on pourrait appeler “les marches du samedi”, sont autant de mouvements qui ont pu être certes massifs mais dont les modalités illlustrent toute la faiblesse du mouvement ouvrier. Le rejet de l’organisation centralisée au risque de sacrifier efficacité et démocratie, l’accent mis sur des collectifs informels “horizontaux” au fonctionnement opaque et contrôlé par une poignée de personnes, un militantisme borné aux manifestations lors des jours de congés et abandonnant le travail de terrain, un caractère identitaire des mobilisations évacuant la lutte collective au profit des particularismes, sont autant d’exemples de ce recul des réflexes organisationnels chez les travailleurs.

Parfaite illustration des dérives de ses postulats théoriques, nous nous devons d’évoquer le rapport tumultueux de l’organisation avec les centrales syndicales dans lesquelles elle milite, la Confédération Générale du Travail (CGT) et l’Union Syndicale Solidaires. Révolution Permanente, comme toute organisation trotskiste avant elle, critique les bureaucraties des centrales syndicales. Les critiques alors fréquemment formulées sont basées sur des arguments tels que le manque de combativité de ces centrales ou le fait que les décisions stratégiques seraient prises par le sommet de ces dernières contre une base qui aurait par essence toujours raison. Des tactiques telles que celles des journées d’action isolées ou de la grève perlée sont au centre des critiques. Nous partageons en grande partie les critiques faites à l’organisation syndicale dans laquelle nous militons, à savoir la CGT. Mais face à un constat partagé, la question n’est pas d’être éternellement dans une posture contestataire vis à vis d’une direction qu’on juge inefficace, en effet à travers cela on ne se pense que par la négative et l’on ne peut devenir un contre modèle efficient. Il est nécessaire d’adjoindre à toute critique, aussi acerbe soit-elle, une proposition concrète, un “plan de bataille” comme ils aiment le nommer. Pour eux, une solution : adopter des mots d’ordre révolutionnaire, décréter la grève générale ; les masses feront le reste. Une telle proposition nous paraît aussi déconnectée des réalités que celles formulées par les directions syndicales. Plus qu’une question de mots d’ordres, c’est d’une refondation, une reconstruction oserions-nous dire, dont ont besoin les organisations syndicales de classe. 

Voilà pour le volet théorique de leur rapport aux syndicats ; nous pouvons cheminer vers la pratique. Cette dernière se matérialise par une porosité importante entre les sections syndicales dans lesquelles RP est implantée et l’organisation elle-même. La stratégie d’obtenir des cautions ouvrières qui serviront de porte-paroles se traduit par une tentative de la part de ses militants de recruter les délégués syndicaux, de préférence jeunes, sur chacune des luttes dans les villes où ils sont présents. Souvent, une fois recrutés, ces mêmes délégués se placeront dans une posture de dénonciation du bureaucratisme cégétiste mais seront absents de la construction des cadres démocratiques mêmes qui permettent de réguler cette tendance. Cette position vient d’un profond rejet de tout ce qui s’apparente au “stalinisme des vieux de la CGT”, et d’une tendance spontanéiste assumée. Leurs délégués syndicaux ne mettent que rarement en avant leur appartenance syndicale, se présentant avant tout comme des individus que l’exploitation seule auraient radicalisés, et qui auraient rejoint RP par la suite. Ce narratif tronqué est une explication a posteriori des dynamiques qui entraînent l’adhésion à une organisation révolutionnaire pour un travailleur.

Ayant une pratique très orientée sur la question médiatique, avec une abondance de contenus produits sous forme de vidéos ou de posts sur les réseaux sociaux, ils se pensent en agitateurs modernes. La personnification de figures médiatiques est un des procédés les plus employés par RP, propulsant les quelques ouvriers de l’organisation comme autant de figures de proues permettant de faire de l’agitation médiatique. Une telle stratégie, si elle était en lien avec une réelle emprise sur le terrain, ne nous poserait pas problème. La réalité est qu’il s’agit d’un cache-misère camouflant la réalité sociologique de RP, et ce au détriment d’un choix de figures publiques en fonction des compétences des personnes. Le critère retenu est plutôt celui de l’identité. Ainsi, la communication devient l’alpha et l’oméga du travail militant.

Cette stratégie est utilisée pour créer une illusion, le mirage d’une révolte systématique. Un mirage dans lequel les mouvements se créent d’eux-mêmes, quand bien même les visages des cortèges nous paraissent familiers. Un mirage dans lequel les défaites sont toujours extérieures ou ne sont même pas abordées, le focus de la caméra étant déjà sur un autre rassemblement. 

Se doter d’une communication efficace est un impératif pour les organisations révolutionnaires, de telle sorte à dépoussiérer une imagerie issue d’un autre siècle et occuper un champ médiatique à l’influence grandissante. Cependant, il faut garder à l’esprit que la forme doit toujours être au service du fond ; or quand le fond est vicié, la forme l’est d’autant plus. 

En effet, à travers ce fort accent sur l’agitation et la propagande transparaît un des principaux problèmes d’orientation de RP. Il est issu de la volonté de faire coaguler autour de l’organisation divers collectifs antiraciste, féministe et écologiste. La mise en avant médiatique permet à peu de frais de soutenir du piquet de grève à la manifestation des collectifs pro-“travail du sexe” en passant par la Pride Radicale. L’idée est de tisser des alliances avec les différentes luttes tout en préservant leur indépendance, en pensant néanmoins la lutte des classes comme le centre de gravité de cette coalition hétérodoxe. Conceptualisation brumeuse, il en ressort surtout l’idée de fédérer le milieu militant de gauche. S’ils semblent pour l’instant tant bien que mal progresser sur cet aspect là (en témoigne l’étonnante collaboration avec Greenpeace) rassembler un milieu moribond ne le rendra ni plus vivace ni plus attractif auprès de la majorité des travailleurs. D’autant plus que les matérialisations de ces alliances semblent toujours rester dans le domaine du triptyque tract-diffusion-rassemblement, triptyque éculé rassemblant de moins en moins de monde au fil de l’atomisation de notre société et de la destruction du tissu social. 

Vieilles recettes sous un vernis neuf, la pratique de Révolution Permanente est celle de l’exemple le plus abouti de ce qu’est une organisation trotskiste gauchiste du XXIème siècle. L’incorporation des luttes contre les oppressions systémiques ou la place du multimédia n’auront pas changé un positionnement en négatif face aux vieux démons staliniens, une idéalisation des masses et de leur justesse, ainsi qu’un opportunisme certain. 

Ceci étant dit, nous ne pouvons tirer des conclusions générales avant d’aborder la séquence qui est peut-être la plus instructive sur leur fonctionnement : la pré-campagne présidentielle d’Anasse Kazib. 

Une campagne symptomatique 

Pour analyser une telle campagne se déroulant sur plus de la moitié d’une année, nous devons en amont nous poser la question des objectifs concrets de Révolution Permanente. Effectivement, sans dégager les objectifs ayant motivé une telle aventure, on ne peut en donner le bilan. Le renforcement organisationnel nous paraît la raison la plus intuitive et logique en analysant le contexte d’une organisation fraîchement indépendante. Ainsi, nous allons aborder cette campagne sous l’angle d’une tentative de renforcement à travers la fenêtre politique ouverte par les élections bourgeoises. 

Une campagne présidentielle reste encore un grand moment politique agitant une part non négligeable de la société, il paraît donc comme une évidence que les révolutionnaires doivent s’en emparer, ceci toutefois à la mesure de leurs forces et leurs moyens effectifs. Elle permet, si bien réalisée, d’accroître la pénétration des idées socialistes dans les différents secteurs du prolétariat. 

Cependant, en France, cette opportunité politique est verrouillée de plusieurs manières, et c’est à ces différents verrous que Révolution Permanente s’est heurtée. Verrou central : 500 parrainages d’élus sont nécessaires pour pouvoir être officiellement candidat. Cette règle bénéficie largement aux partis institutionnalisés dotés d’une myriade d’élus locaux. À l’heure actuelle, l’état des forces chez les partis révolutionnaires est tel que cela représente un obstacle difficile à surmonter tant les implantations locales sont faibles. Révolution Permanente imaginait-elle pour autant pouvoir recueillir ces parrainages ?

Quand on voit les moyens mis dans leur obtention, il nous est permis de supposer que c’est le cas. En effet, c’est toute l’organisation qui s’est mise en branle pour récupérer le maximum de parrainages. Les membres les plus actifs de l’organisation ont dû effectuer des mois durant des tournées de mairies parfois à plusieurs départements de distance de leur lieu de départ. Plusieurs tentatives de campagnes médiatiques ont été lancées ainsi que plusieurs appels aux dons. Ces éléments nous permettent d’affirmer qu’il était prévu au moins au début que le verrou des parrainages allait être dépassé. Si ce n’est pas le cas, on pourrait penser qu’un nombre élevé de parrainages permet de mieux justifier le narratif de l’invisibilisation, narratif sur lequel nous reviendrons plus tard. L’obtention de ce nombre de parrainages élevé mais insuffisant ne saurait contrebalancer le coût pour les obtenir. Nous ne pouvons douter de la quantité importante de moyens employés dans cette quête par rapport aux faibles ressources de RP. 

Nous arrivons donc à une impasse : si l’objectif est d’obtenir les parrainages, alors c’est une défaite. Si le but est d’en obtenir le plus possible pour faire campagne contre les rouages de la république bourgeoise, alors dans ce cas c’est une victoire si coûteuse qu’on ne peut l’appeler ainsi. Il nous apparaît de toute évidence que les présupposés d’ordre analytique ou les choix stratégiques ont mené à l’échec la campagne.

Pour autant, connaître une défaite n’est pas une fin en soi, la question est quels enseignements tirer d’un tel événement et comment prendre les mesures empêchant une telle issue de se reproduire. Or, dans ce cas précis, nous ne pouvons que constater l’absence de toute trace d’autocritique dans l’article revenant sur la campagne d’Anasse Kazib à l’issue de la clôture des parrainages. On peut imaginer que cette autocritique existe en interne, mais l’absence de nuance dans les articles évoquant l’échec de l’obtention des parrainages nous paraît dommageable. D’autant plus que cela ouvre la voie à la création d’un narratif dont les graines ont été semées dans les dernières semaines de la campagne. La réponse à l’échec de l’obtention des parrainages serait simple et à trouver dans l’identité même “d’ouvrier issu des quartiers populaires et de l’immigration” du candidat Anasse Kazib. Un thème d’ailleurs martelé tout du long de la campagne, comme si son identité disait quelque chose sur la pertinence de sa candidature. Une affirmation qui peut être dans une certaine mesure un élément de réponse. Cet argument est néanmoins à nuancer grandement : s’il avait été libéral plutôt que communiste révolutionnaire, son identité aurait été loin d’être un frein. Ce fait ne peut être en aucun cas le justificatif en dernière analyse de son échec à se présenter. Les éléments extérieurs ne pouvant constituer l’explication unique d’un échec ou d’une réussite militante, la fortune n’explique après tout que la moitié des événements. 

Autre point intéressant, l’annonce non concrétisée de la candidature aux élections législatives de Anasse Kazib dans une circonscription de Seine-Saint-Denis ne fera l’objet d’aucun retour ni justification de sa non réalisation. Un changement de contexte peut entraîner une bifurcation tactique, c’est même louable, mais cette non communication et ce flou laisse à deviner un certain manque de vision stratégique d’ensemble. 

Reste à répondre à la question des objectifs de cette campagne, s’ils étaient de renforcer l’organisation, peut-on parler d’une réussite ? Au premier abord, nous ne pouvons répondre que par la négative, car si la campagne de Révolution permanente a bénéficié d’un certains nombres de soutiens médiatiques (Assa Traoré, Adèle Haenel…), il semblerait qu’il n’y ait pas eu de mouvement large de ralliement. Un élément concret pour en attester était que l’organisation qui revendique 296 membres en juin 2021 en revendique autour de 300 un an plus tard. Au-delà de cela, baser l’acte fondateur d’une nouvelle organisation sur une accumulation d’erreurs stratégiques et de compromissions idéologiques n’annonce rien de bon sur les bases servant le futur développement d’un nouveau parti révolutionnaire. 

Conclusions et Perspectives

La critique d’une organisation révolutionnaire par une autre est loin d’être une nouveauté dans le mouvement ouvrier. C’est toutefois la première fois que nous nous adonnons à cet exercice, et il peut interroger qu’un des premiers articles que nous publions après la reprise de nos activités de ce type soit sur ce sujet. Ce choix est issu de deux constats, le premier de ces constats est que la gauche révolutionnaire en France est au début d’une recomposition en lien avec la destruction progressive du NPA comme alternative à gauche de la social-démocratie. Le second est que compte tenu du contexte idéologique et organisationnel, Révolution Permanente et le parti qu’ils créeront nous apparaissent comme les acteurs les plus dynamiques et à même de tirer leur épingle du jeu à court et moyen terme. Leur malléabilité idéologique et leur volontarisme permettront sans doute un certain développement dans les milieux de gauche. L’intégration des aspirations libérales d’une frange de la jeunesse universitaire à travers une intersectionnalité qui ne dit pas son nom va dans ce sens. Cet opportunisme risque néanmoins de brider leur capacité sur le plus long terme. La lutte des classes n’est pas une lutte comme une autre, ce n’est pas un centre de gravité flou, mais bel et bien le moteur de l’histoire. Le parti qui devrait voir le jour se placera-t-il au centre de cette tâche historique ? Ou bien ne sera-t-il qu’une caisse de résonance des luttes du moment, voué à s’écrouler sous le poids de ses compromissions comme le Nouveau Parti Anticapitaliste ?

Sources

Articles