C’est un sacré challenge d’être communiste de nos jours. L’assumer encore plus. Je préviens mes lectrices et lecteurs, je me revendique communiste mais en aucun cas je ne suis là pour me poser en Pape du marxisme et décréter qui est ou n’est pas dans la doxa du communisme. On va juste essayer de comprendre, discuter de ce qu’est : être un communiste aujourd’hui, au XXIe siècle sur Terre.
Nous ne venons pas de nulle part. Nos adversaires politiques nous le répètent à tue-tête. Vous remarquerez en passant que 90% de l’argumentaire tournera autour de lieux communs sur les expériences socialistes du siècle passé. En effet, nous sommes les héritiers d’un mouvement politique qui prend forme grâce aux théoriciens Karl Marx et Friedrich Engels en 1848, avec le Manifeste du Parti Communiste. Ce même mouvement qui tire ses racines dans la pensée politique bourgeoise et de la lutte des travailleuses et travailleurs contre leurs oppresseurs, plus particulièrement le prolétariat de la période capitaliste. Depuis que le socialisme existe, une foule de militants et de peuples en lutte ont brandi sa bannière rouge. Des pays entiers ont vécu sous ce modèle et ont tenté de l’étendre au monde. Comme tout régime politique, ils ont eu leurs dysfonctionnements, parfois dramatiques. Il y a eu du sang, des larmes, des efforts de générations entières réduits à néant en quelques jours. Des divisions profondes entre communistes ont émergé.
Certains se sont réfugiés dans un folklore brutal et débilitant. D’autres sont tombés dans une auto-phobie misérable, comme l’a théorisé le philosophe Domenico Losurdo, reprenant sans scrupules les critiques de la bourgeoisie, de la contre révolution, pour se sauver de toute critique. Pourtant, malgré tout, cela n’a jamais atteint la flamme des militants les plus sincères à travers le monde. Le fait est que le projet communiste est porté par des valeurs que même nos pires ennemis envient.
Nous défendons une vision rationnelle, matérialiste du monde. Lorsque la société capitaliste ou les forces réactionnaires tentent de nous berner par leurs subterfuges sensationnels, superficiels, jouant sur les passions pour avilir les foules, nous disons : non, ce n’est pas aussi simple. Loin des philosophes questionnant l’au-delà, nous agissons sur le monde conscient de son fonctionnement, de ses ressors grâce au travail théorique de nombreuses et nombreux penseurs. Nous restons à l’affût des avancées et reculs de nos sociétés. Un communiste est intégré au monde qui l’entoure.
Nous nous battons pour un idéal, le communisme n’est peut être qu’un mirage mais jamais nous n’abandonnerons l’idée d’une vie juste pour toutes et tous, libérée de l’exploitation, de l’oppression, de l’intolérance, de la violence. Notre combat n’a pas de frontières, nos camarades sont partout où il y a des exploités. La solidarité est un élément moteur de notre idéologie, notre salut est collectif. C’est dans la camaraderie, dans l’entraide pour un monde meilleur que nous faisons s’épanouir l’individu. Le chemin, le socialisme, qui doit nous y mener peut parfois paraître contradictoire avec nos valeurs. Mais c’est que nous nous battons contre un univers qui ne veut pas mourir. Le capitalisme préférera détruire l’humanité plutôt que de céder la place à une forme supérieure de société.
C’est là un nouveau défi pour le communiste. Le capitalisme est en train de détruire la Terre. Des problématiques nouvelles viennent s’ajouter à celles déjà existantes. Contrairement à ce que la bourgeoisie et ses experts nous claironnent par tous les médias possibles, les luttes du XXe sont toujours d’actualité. Les problèmes n’ont pas été résolus, loin de là. L’urgence écologique, le repli identitaire, l’individualisme grandissant sont autant de nouveaux problèmes à résoudre pour les militants actuels. Mais comme si la route des communistes n’étaient pas assez difficile, ils n’ont aujourd’hui plus de repères, de modèles. Moscou, Pékin, Tirana, La Havane ou encore Alger ne sont plus des Mecque pour les révolutionnaires. Tout est à reconstruire. Chargeons encore plus les épaules de notre militant : il doit donc affronter un monde capitaliste sur la Terre entière mais de plus il ne peut plus compter sur un mouvement socialiste solide. La conscience de classe du prolétariat n’est pas au beau fixe et les forces réactionnaires s’activent partout. Le portrait robot du militant actuel ressemble plus à un randonneur au sac chargé de pierres avec une balle dans le pied qu’à un guérillero entouré de milliers de prolétaires en lutte. Pourtant l’espoir est permis. La situation de crise du capitalisme, ainsi que son incapacité à résoudre la question climatique pousse de plus en plus de jeunes à se tourner vers les idées socialistes. Des petits pas sont faits un peu partout dans le monde vers un regain en puissance du communisme. Ne désespère pas communiste, au contraire, retrousse toi les manches, bats le pavé, tu as du travail.
Être communiste aujourd’hui a plus de sens que jamais. Tant que le capitalisme, l’oppression, la guerre et l’intolérance vivront qu’un temps soit peu : le projet communiste, l’analyse marxiste et le militant révolutionnaire seront nécessaires.